Cinq astuces pour améliorer l’acoustique des pièces qui sonnent mal


LA LISTE DE LA MATINALE

Les enceintes KEF LSX produisent des basses relativement timides, idéales dans les pièces de petite taille car évitant les gros problèmes de graves.

Bien souvent, le maillon faible d’une installation hi-fi, ça n’est ni l’ampli, ni les enceintes, mais la pièce d’écoute. Les salons les plus hostiles peuvent transformer la musique en bouillie sonore, peu importe le prix de l’installation audio. « C’est souvent le problème numéro un à résoudre chez un amateur de hi-fi », juge Jordan Kouby, ingénieur du son et cofondateur d’un studio de musique parisien.

Comment savoir si le problème vient de votre pièce ? Quelques indices devraient vous mettre la puce à l’oreille : une légère impression de brouhaha, des basses floues et imprécises, des enceintes qui sonnent moins bien chez vous qu’en magasin, quelques instruments trop effacés par rapport à une écoute au casque.

Dans la plupart des cas, ces problèmes peuvent être atténués. Voici cinq solutions classées par coût croissant.

1- Huile de coude (gratuit)

Gratuites, ces deux méthodes sont surtout simples et efficaces. La première consiste à déplacer les enceintes pour résoudre le souci le plus courant : des basses floues qui étouffent le son. On écarte les enceintes du mur, et on rapproche le fauteuil des enceintes, quitte à batailler avec les autres membres de la famille pour imposer ces aménagements, car ils améliorent souvent radicalement l’équilibre sonore et la clarté. Si le problème ne disparaît pas, on peut « tenter de placer les enceintes à des positions atypiques », explique Jordan Kouby :

« La règle, c’est qu’il n’y a pas de règle. Les positions asymétriques fonctionnent parfois, on peut même essayer de rapprocher l’enceinte du mur, ou l’encastrer dans la bibliothèque. Mais attention à ne pas se perdre en route : il est difficile de conserver sa lucidité, même pour un pro. Demandez à un proche de déplacer les enceintes pendant que vous écoutez et restez sur un seul morceau de musique. »

Deuxième amélioration, à réserver aux pièces comportant trop de carrelages ou de vitres : rajouter des tapis, des rideaux, des meubles, des bibliothèques, qui peuvent améliorer la précision sonore. Cette solution peut aussi servir « à adoucir un son trop agressif, ou à atténuer ces désagréables résonances métalliques qu’on entend lorsqu’on tape dans ses mains », précise Jordan Kouby.

2- Mesures et corrections (150 à 500 euros)

Si l’étape précédente ne suffit pas à convaincre vos oreilles ou si vous ne pouvez pas changer la disposition de votre salon, vous pouvez tenter une voie plus escarpée : placer un filtre sonore – sous forme logicielle – au cœur de votre système audio. Le son sera filtré par un ordinateur, qui deviendra votre unique lecteur musical.

Cette méthode revient à dénaturer le son pour atténuer vos problèmes, « une bonne solution pour limiter les dégâts dans les sons graves », juge Philippe, connu sous le pseudo Pda0 sur Forum-hi-fi.fr, un espace de discussion où l’on croise de nombreux passionnés. Devenu l’expert en acoustique du forum, Philippe a été invité chez une bonne cinquantaine de membres pour analyser leur pièce d’écoute. Toutefois, « cette méthode ne fonctionne que si vous écoutez toujours la musique depuis le même fauteuil. Car, ailleurs dans la pièce, elle peut [faire] empirer [la qualité du] son », juge Jean-Pierre Lafont, un acousticien qui travaille pour les salles de cinéma et les studios de musique.

Avant tout, il faut se faire une idée précise du problème en le mesurant avec un microphone destiné à cet usage (une centaine d’euros) puis en visualisant ces mesures sur un ordinateur, pas nécessairement récent. Vous aurez besoin de logiciels gratuits comme Rew, Rephase, Equalizer APO… Ces mesures, leur analyse, puis la création de filtres sont un processus complexe qui demande, selon Philippe, « quelques dizaines d’heures de temps libre étalées sur un mois ». Avec un gros piège à l’arrivée : « un son neutre qui ne plaira pas à toutes les oreilles ». Pour mieux coller à ses goûts personnels, il faudra personnaliser les filtres, ce qui est plus compliqué encore.

Heureusement, on peut compter sur le soutien de la communauté de trois forums, Homecinema-fr.com, AVCesar, et Forum-hi-fi.fr, qui mettent des tutoriels à disposition. Leurs membres prodiguent volontiers leurs conseils pour la création des filtres. On peut aussi se simplifier la tâche en se contentant de réaliser des mesures, puis en les envoyant à un professionnel réputé comme Home Audio Fidelity, qui se charge de créer les filtres pour une centaine d’euros.

3- Tout automatique (500 à 2 000 euros)

Comme à l’étape précédente, cette solution consiste à filtrer le son pour atténuer les problèmes acoustiques de la pièce. Sauf qu’ici tout est automatique : c’est un ampli qui s’en charge en remplacement du vôtre. A la première utilisation, il émet des bruits dans vos enceintes tout en les écoutant grâce à son microphone, puis il calcule les filtres audio.

Cette solution a un gros atout : vous n’avez aucun effort de compréhension à faire, la manœuvre est simple, elle prend un quart d’heure. Mais cette solution est plus coûteuse et laisse peu de marge pour coller à vos préférences sonores. Le résultat sera souvent décevant pour un amateur de basses charnues, par exemple, mais potentiellement bluffant pour un féru de fidélité et de neutralité sonore.

Quel modèle d’ampli choisir ? Un modèle doté de la fonction d’« autocalibration ». Les moins chers sont des amplis de home cinéma, comme le Denon AVR-X1700H DAB (environ 800 euros) ou le AVR-X3700H (1 400 euros). L’idéal est toutefois d’investir dans l’un des rares amplis audiophiles disposant d’un système d’autocalibration comme chez Lyngdorf ou NAD, à partir de 2 000 euros.

Les plus doués en informatique s’intéresseront à une solution moins chère, qui ne force pas à changer d’ampli : le logiciel d’autocalibration Dirac, qu’on peut installer sur l’ordinateur lisant la musique, ou sur un boîtier sonore à intercaler entre l’ampli et la source audio. Comptez 450 euros dans les deux cas. Cette solution est automatique, certes, mais il faut une dizaine d’heures pour la mettre en œuvre.

4- Panneaux acoustiques (1 000 à 5 000 euros)

C’est la solution la plus efficace, celle qu’adoptent les studios de musique parce qu’elle respecte le naturel du son, et permet de profiter d’une qualité convenable depuis divers points d’écoute. Là encore, tout démarre avec un diagnostic mené depuis un ordinateur branché à un microphone. La correction prend la forme de panneaux acoustiques, qu’on peut acheter tout faits chez GIK ou Vicoustic, par exemple, pour les ajouter aux murs petit à petit, en faisant des mesures à chaque étape pour vérifier les progrès. Des dizaines d’heures de tâtonnement en perspective.

Bien souvent, la première étape consiste à atténuer les réflexions audio les plus gênantes en plaçant des panneaux en triangle dans les angles derrière les enceintes, puis des panneaux plats sur le mur, au premier endroit où le son émis par l’enceinte rebondit en direction de l’oreille. On repère cette zone avec un miroir, comme expliqué ici.

Malheureusement, cette solution peut empirer les choses : ces panneaux acoustiques absorbent peu de graves. Ceux-ci peuvent alors ressortir avec leurs défauts lourds et handicapants – ce sont souvent les principaux problèmes acoustiques d’une pièce. Dans bien des cas, les particuliers en sont réduits à corriger ce problème avec un filtre audio (comme expliqué aux étapes 2 et 3), car leur traitement par des panneaux acoustiques, tout supérieur qu’il soit, est extrêmement contraignant.

« L’idéal est d’installer des bass trap [pièges à basse] à membrane, mesurant 50 centimètres d’épaisseur, en couvrant 40 % de la surface des murs », conseille Jean-Pierre Lafont. Mais cela prend énormément de place : la pièce perd environ 15 % de sa surface. Et l’installation coûte « environ 100 euros le mètre carré de mur, si on le fabrique soi-même ». Soit 2 000 euros pour une pièce de 25 mètres carrés – ou huit fois plus cher si l’on fait intervenir un professionnel.

« Attention, leur conception est extrêmement délicate », avertit Christian Malcurt, acousticien travaillant sur des studios de musique et des salles de concert, qui préconise une solution plus simple : « Tendre de la laine de roche dans plusieurs cadres en bois, en les posant chacun à une distance différente du mur : 10, 20, 30 ou 40 centimètres. » Coût : quelques dizaines d’euros par mètre carré de mur. Cette solution ne permet toutefois pas d’absorber les graves les plus profonds.

5- Faire intervenir un pro (5 000 à 50 000 euros)

Cela devrait être la solution la plus simple et la plus efficace. Hélas, il est fort difficile de trouver un intervenant à un tarif accessible. D’un côté, les acousticiens non diplômés sont loin de tous faire l’unanimité : « Leur travail est très souvent décevant », juge Philippe, qui en a fait plusieurs fois l’expérience. De l’autre, les acousticiens professionnels travaillent très rarement sur des installations hi-fi. « Dans l’annuaire des professionnels du CIDB [Centre d’information et de documentation sur le bruit], qui rassemble tous les acousticiens français, aucun ne mentionne la hi-fi comme spécialité », observe Jean-Pierre Lafont. Les professionnels les plus capables en la matière sont ceux, peu nombreux hélas, qui conçoivent l’acoustique des studios de musique. Les tarifs de ces pointures sont inaccessibles au commun des mortels.



Source
Catégorie article Politique

Ajouter un commentaire

Commentaires

Aucun commentaire n'a été posté pour l'instant.